Sorcellerie et schizophrénie: les sorciers sont-ils forcément méchants?
Il est environ 13h30 dans une contrée d’Afrique au sud du Sahara. Une communauté Bantou vient de se séparer d’un être cher, après un rituel d’enterrement douloureux où beaucoup de larmes ont coulé, et de tous les yeux. Non loin de la tombe pleurent aussi des personnes tenues pour bien suspectes du fait des pouvoirs particuliers qui leur sont reconnus (ou qui leur sont attribués) à tort ou à raison. Parmi les plus éprouvées desdites personnes figure une, particulièrement affligée par la perte d’un être si cher. Pas besoin de beaucoup d’efforts pour comprendre la profondeur de sa douleur. Pourtant, chose absurde, elle est tenue pour dangereuse et considérée par certains membres de la communauté comme étant l’un des artisans du départ prompt du défunt. Ainsi, pendant que cette personne si affligée pleure la disparition d’un membre de la communauté, les avisés prennent des précautions d’usage, question de se tenir à distance respectable d’un messager du diable. Sorcière! C’est l’identité qui lui est attribuée par la radio trottoir, le média le plus écouté, une radio qui diffuse sans directeur de programme ni journaliste attitré. Disons pour être plus précis qu’à radio trottoir, tout le monde est journaliste, directeur des programmes, rédacteur en chef, etc.
En ce samedi d’été tropical, le ciel a d’abord menacé de s’assombrir. Mais Dieu a été par la suite clément. Et l’enterrement s’est déroulé dans de bonnes conditions. Quand les délégations venues de très loin (pour certaines) quittent la contrée, et que la famille si éprouvée poursuit son deuil dans l’intimité, le groupe de personnes considérées comme suspectes n’est pas moins assommé. Comme les autres membres de la famille, les membres de ce groupe portent aussi le deuil. Cela se voit ! Ils sont affligés et c’est palpable. La personne considérée comme maîtresse des opérations, le cerveau du mal, le bras visible de Lucifer sur terre, cette personne là est plutôt abattue, écrasée par les circonstances. Pourtant, son nom figure en tête de liste des auteurs du forfait.
Questions : quelle analyse pouvons-nous faire face à cette situation paradoxale? Quelle lecture pouvons-nous faire de l’attitude d’une personne sorcière qui s’effondre de douleur face à la mort d’un proche dont la mort lui est attribuée?
Après de longues tergiversations, vérifications et revérifications auprès de sources crédibles, ne formulant plus aucun doute sur la responsabilité de cette personne par rapport au forfait qui lui est attribué, deux hypothèses nous semblent envisageables:
- Les sorciers ne sont pas forcément des méchants. Ils peuvent poser des actes qui dépassent leur capacité de contrôle et créent du tort à autrui, sans que ce ne soit leur intention initiale.
- Les sorciers seraient des schizophrènes ignorés, c’est-à-dire des êtres qui ne jouiraient pas de la totalité de leur capacité cognitive, ceci du fait d’une altération des fonctions neurocognitives.
La suite de cet article sera publié le 9 décembre 2015
Pour participer à ce débat, prière d’envoyer votre analyse à: info@africa-and-science.com
Afrique: Sur le rôle de la diaspora dans le changement du paradigme victime-acteur Result of a scientific research: It is not advisable to sleep too late
Comments are currently closed.