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Nr. 00265- 9th Jan. 2024 – Weekly Newspaper devoted to Science & Technology in Africa ** Pour la promotion de l'esprit scientifique en Afrique

Mondialisation et religion ancestrale en pays Bantou: La religion des Bangoulap en débat!

Il n’est pas question pour nous de faire œuvre d’érudition dans cet article. Telle serait notre intention que ladite tentative serait vaine, eu égard à l’indigence de nos connaissances dans ce domaine. Notre préoccupation est d’ouvrir le débat à nouveau alors et surtout qu’avec la mondialisation la perte des repères et des sens s’accentue. La mondialisation s’entend ici comme la domination des valeurs culturelles occidentales au préjudice du réservoir culturel africain.

Il y a donc urgence pour les Bangoulap(1) de se réapproprier leurs valeurs culturelles, parmi lesquelles la religion qui occupe une place notable. Nous tenterons donc avec témérité de traiter pêle-mêle quelques points importants de la religion des Bangoulap, sans avoir égard à quelque plan que ce soit.

Les Bangoulap ont-ils une religion ? La question pourrait surprendre tous ceux qui se complaisent dans un conformisme commode. L’intérêt de la question posée réside dans le développement économique des Africains en général et des Bangoulap en particulier. Le problème est né de ce que « la colonisation s’est accompagnée d’une domination psychologique et culturelle, les repères et les références (littérature, traditions…) du dominant s’imposant au dominé » (2).  Comme l’écrit l’auteur Mbégane Ndour, « aux jeunes Africains d’Afrique, nous tenterons de convaincre de la nécessité de coller à leurs racines et à leurs valeurs socio-culturelles ; que dans un monde sans repères, il est impératif de préserver son identité culturelle » (3). Aussi, « cette remise en cause profiterait à l’Afrique elle-même à résoudre ses maux en plongeant dans son propre patrimoine culturel »(4).

Une définition assez caricaturale de la religion peut se décliner comme les rapports entre l’ensemble des hommes et une divinité. La religion est un ensemble de préceptes, de commandements, rites et interdits qui régissent les rapports entre les hommes, en même temps qu’elle établit des rites d’adoration de la divinité . L’intérêt de la question préliminaire réside aussi en ce que la religiosité a été déniée aux cultures africaines. A cette dénégation Maurice DELAFOSSE répond qu’ « aucune institution n’existe (en Afrique noire), que ce soit dans le domaine social ou dans le domaine politique, voire même en matière économique, qui ne repose sur un concept religieux ou qui n’ait la religion pour pierre angulaire. Ces peuples, dont on a parfois nié qu’ils aient une religion, sont en réalité parmi les plus religieux de la terre »(5). Voilà donc le décor planté. !

La question intéresse au premier chef les Bangoulap qui constituent un groupe de la communauté Bamiléké. Parlant de sa religion, le Bangoulap ordinaire vous dira que la religion n’existe pas à l’ouest du Cameroun ou l’on ne trouverait que des coutumes. Ainsi serait-on tenté de dire que le Bangoulap pratique sa religion ancestrale sans le savoir. Aussi lorsqu’un Bangoulap connaît des revers dans la vie, il se rend au village pour « faire les coutumes ». Que recouvre en réalité cette expression « faire les coutumes » ?

Crâne des morts, protection des vivants!

Observons pendant quelques instants le Bangoulap qui se trouve au village pour « faire les coutumes » selon l’expression établie. Pour conjurer ses infortunes, en prévision d’un examen ou de la postulation à un emploi, le Bangoulap se rendra dans la case de crânes, c’est- à-dire dans le panthéon qui abrite les crânes de ses ancêtres. Il sollicitera donc la médiation de ses ancêtres pour obtenir de Dieu qu’il veille sur sa personne notamment, en mettant un terme au cycle de ses infortunes et déceptions ou en lui accordant la grâce et la chance pour son examen ou pour l’emploi qu’il sollicite. L’esprit des ancêtres constitue donc la pierre angulaire de la religion des Bangoulap. Dans une conversation à Garoua le 08 juin 2012, Menkam Tabouveu, notable à la chefferie Bangoulap, déclare que « lorsque nos parents meurent, ils deviennent des esprits, des anges de Dieu »(6).

C’est ici le lieu de réparer une injustice qui veut que la religion des Bangoulap se réduise au culte des crânes. Poursuivant cette mystification amorcée longtemps avant lui, Hubert DESCHAMPS écrit : « chez certains peuples de l’Ouest –Cameroun le mort reste dans sa case. Mais généralement le corps est enterré et, lorsque les vers ont fait leur œuvre, on retire le crâne, où l’âme s’est refugiée. On le dépose ou on l’enterre à petite profondeur dans la case familiale. En certaines circonstances on découvre des crânes pour leur offrir libation et nourriture. On les consulte pour entreprendre une affaire ou en cas de maladie . Certains élèvent des cases dans la brousse pour les âmes errantes. Le culte des crânes était poussé par certaines tribus jusqu’à la chasse aux têtes et à l’anthropophagie »(7).

Pour dénigrer la religion traditionnelle africaine, l’auteur des lignes qui précèdent utilisent une technique parfaitement rôdée et subtile qui consiste à mélanger le vrai et le faux et instiller le doute dans l’esprit de ceux dont on est censé décrire la religion. S’il est vrai que les africains découvrent les crânes de leurs morts pour en faire un symbole de leur religion, en déduire pince-sans rire que cette pratique a conduit certains jusqu’à l’anthropophagie participe d’une entreprise donc le but est de ramener les Africains à l’animalité. Dans le même registre, F. Christol affirme qu’ « il est certain que la civilisation, et surtout le christianisme , en adoucissant les mœurs , ont déjà marqué leur empreinte sur les visages, en effaçant les signes de la bestialité ancestrale »(8).

Peut-on raisonnablement affirmer et ce sans s’attirer les foudres des adeptes du christianisme, que l’acte symbolique qui consiste à manger le corps et boire le sang du christ serait constitutif de l’anthropophagie ? La proposition qui consiste à dire que les Africains pratiquent le « culte des crânes » est empreinte d’une mauvaise foi manifeste. C’est le lieu de rappeler à ceux qui l’ignorent que les japonais qui sont l’un des peuples les plus intelligents de ce monde pratiquent le shintoïsme c’est-à-dire l’une des religions qui reposent sur le culte des ancêtres. « Le modèle japonais pourrait inspirer utilement (les africains) car il allie de fortes traditions et une projection créative dans la modernité » (9). Une définition assez caricaturale de la religion peut se décliner comme les rapports entre l’ensemble des hommes et une divinité. Dans la religion des Bangoulap, le crâne constitue uniquement un symbole et n’est pas en soi la matérialisation de Dieu. Au demeurant, on pourrait dire des autres religions, notamment de la religion chrétienne, que parce que la croix constitue un élément important de ses symboles religieux, ses adeptes auraient pour Dieu non pas Dieu lui-même mais la croix ! L’absurdité d’une telle réflexion se passe de tout commentaire.

À la base de la religion des Bangoulap est cette croyance fondamentale que les morts se transforment en esprits et veillent sur nous en intercédant pour nous auprès de Dieu . « Les ancêtres sont les garants des traditions, de la continuité de la vie et de l’union entre les générations ; ils sont les voyants qui, à travers la nuit de la mort, avertissent les vivants pour qu’ils évitent déviances et débordements ; ils sont les intermédiaires entre la volonté de Dieu et la liberté des hommes. Tout vient de Dieu et tout est réglé par les ancêtres : ils sont les médiateurs ». Qu’il nous soit permis d’emprunter un extrait du célèbre poème de Birago Diop pour illustrer notre propos :

« Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres
La voix du feu s’entend,
Entends la voix de l’eau,
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglots :
C’est le souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts. …

Il redit chaque jour le pacte,
Le grand pacte qui lie.
Qui lie à la loi notre sort ;
Aux actes des souffles plus forts
Le sort de nos morts qui ne sont pas morts ;
Le lourd pacte qui nous lie à la vie,
La lourde loi qui nous lie aux actes
Des souffles qui se meurent… »

Nous nous excusons pour la longueur de la citation, laquelle s’est avérée nécessaire en raison de la consistance du dogme véhiculé par le poème de BIRAGO DIOP. Nous autorisons SANOU MBAYE à nous dire ce qu’il pense de cette culture africaine : « la culture africaine repose sur une osmose entre l’homme et son environnement. En effet, la faune et la flore, le vent, l’eau, les esprits, les morts participent de la même essence et fusionnent selon un processus continuel qui confère à l’homme noir la richesse de sa vision du monde et constitue la base même de sa culture qu’il vit intensément en la partageant, en la véhiculant et en la perpétuant de générations en générations , quels que soient les avatars de la vie »(10).

Les anthropologues ont dit que cette façon de louer Dieu par l’intercession de ses ancêtres serait de l’animisme. « Venant du latin animus, âme, souffle vital, ce mot désigne la croyance en une puissance occulte universelle et c’est probablement le fondement même de toute démarche religieuse… L’animisme est à réintégrer dans une philosophie du sentiment religieux en général parce qu’il semble que ce soit une structure universelle de la pensée humaine. L’animisme peut, suivant les cas, prendre la forme d’un panthéisme ,d’un monothéisme ou d’un polythéisme… »(11).

N’ayant pas les qualités scientifiques suffisantes pour catégoriser les religions, nous nous bornerons à comparer la religion des Bangoulap avec la religion chrétienne, non pas dans le dessein de mettre en doute la foi chrétienne, mais dans le but ultime de préciser que la religion des Bangoulap est bel et bien une religion à l’égal du christianisme. Au demeurant les sociologues affirment que moins de 20 % de la population africaine pratique la religion traditionnelle, le reste se partageant entre l’islam et le christianisme. Il y a lieu de restituer la vérité en précisant que la grande majorité des Africains, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, pratiquent clandestinement la religion de leurs ancêtres : il s’agit des animistes clandestins. Au surplus nous pensons que Dieu a indiqué à chaque peuple le chemin par lequel on doit l’adorer. « Toute la vie est un dialogue entre Dieu et les hommes, entre les vivants et les ancêtres au travers de rites, de rêves ou d’oracles. Ainsi, est vécue de mille manières l’alliance biblique entre Dieu et les hommes. Dieu révèle son desseins par les Grands Prêtres et les ancêtres aux Kirdis comme il l’avait fait aux juifs et aux patriarche, par Moise et les prophètes : « vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu » (Deut. 20,12) (12).

Religion Chrétienne: copie de la religion des Bangoulap?

Le message chrétien ne s’accomplit que parce que Jésus Christ, l’unique intercesseur dans la foi chrétienne, meurt avant de ressusciter. La résurrection est donc à la base de la foi chrétienne. Comme dans la religion des Bangoulap, la mort et la résurrection est une condition de l’accomplissement du message religieux. C’est parce que nos ancêtres meurent qu’ils deviennent des esprits. Lorsqu’on connaît l’antériorité de la religion des Bangoulap par rapport à la foi chrétienne, il y a lieu de se demander si la religion chrétienne n’est pas une copie édulcorée de la religion des Bangoulap. Autrement dit, la religion des Bangoulap intègre parfaitement dans son dogme le message chrétien et celui des autres religions révélées. La première conséquence qu’on peut tirer de cette similitude dans le mode d’accomplissement du message religieux chrétien et animiste est que le christianisme est un animisme. Cette affirmation n’est ni nouvelle ni révolutionnaire lorsqu’on sait que des auteurs ont depuis démontrer l’origine négro-africaine des religions révélées. Une simple analyse de la religion traditionnelle traditionnelle des Bangoulap et le socle sur lequel repose les religions révélées impose une telle conclusion.

Un autre mensonge asséné pour dénier aux Bangoulap leur religiosité serait la multiplicité des dieux. On doit à la vérité de dire que les Bangoulap ont une religion monothéiste, en ce qu’ils croient en un Dieu unique créateur de toutes choses! Les ancêtres qui ne sont pas des dieux intercèdent auprès de Dieu en faveur des vivants. Au demeurant, le fait que la religion catholique reconnaît les saints, qui intercèdent auprès de Dieu pour les fidèles, ne fait pas de cette religion une religion Polythéiste, pas plus que la présence de reliques ne fait du christianisme un fétichisme ou la religion des anthropophages. Chez les Ibos du Nigéria , chaque croyant dispose de son Dieu personnel appelé Chi. Cela ne fait pas de cette religion une religion polythéiste, parce qu’il existe un Dieu Suprême au dessus de tous les dieux secondaires (13).

Ces dieux secondaires sont en réalité des intercesseurs. On peut affirmer avec Anne-Cécile ROBERT que la religion traditionnelle des Bangoulap classe dans l’ordre de primauté Dieu, les ancêtres, l’homme, les animaux puis les choses. Dieu se décline chez les Bangoulap en NSI NTAGNI. Dans un entretien que NSOUB NDZUENKEU Réné (notable à la Cour royale de Bangoulap) a bien voulu nous accorder à Garoua le 08 juin 2012 , il ressort que NSI signifie Dieu. NSI renvoie également à la terre. Lorsqu’on sait que le ciel féconde la terre par la pluie et qu’il en résulte la végétation, nous retrouvons l’origine de la trinité qui, dans la mythologie Egyptienne antique, recouvre la trilogie Isis-Osiris-Horus. « C’est ainsi que, en Egypte , on a la triade Ciel-Terre-Végétation qui aboutit à Isis-Osiris-Horus, dieux humains …».(14). « Ainsi lorsqu’ une personne meurt et que son fantôme se présente à ses proches, cela signifie que cette personne a été rejetée par la terre, parce qu’elle est un mauvais esprit ». (15).

Dans son livre sur les religions d’Afrique noire, Hubert DESCHAMPS évoque cette situation où « on est presque toujours partagé entre le désir de recevoir la force et la protection des morts et la crainte de leurs reproches et de leur colère. Certains Bantou chamitisés d’Afrique orientale avaient réglé d’un coup ces deux questions par un procédé radical : ils mangeaient le défunt en commun la nuit des funérailles, puis ils brûlaient les os. Ainsi s’incorporaient-ils les vertus du mort en s’assurant en même temps, par sa disparition totale, qu’il ne viendrait pas les ennuyer » (16). Lorsqu’on sait avec quels excès et démesure les occidentaux ont pris l’habitude de décrire les cultures africaines, il y a lieu d’émettre les réserves les plus expresses sur le contenu de la citation qui précède, alors et surtout qu’il appartiendra à un ressortissant du peuple visé de nous décrire la réalité de leur culture. Il n’appartient pas aux autres de nous dire ce que notre religion est. C’’est à nous de nous interroger sur nous même, notre religion, sa signification profonde, les raisons de l’abandon de notre religion pour épouser celle des autres.

« les Africains de l’Afrique noire peuvent et doivent réclamer exclusivement le patrimoine culturel de la vielle civilisation égyptienne. Ils sont les seuls aujourd’hui à qui leur sensibilité permet de coïncider avec l’essence et l’esprit de cette civilisation que saisit avec beaucoup de difficultés l’égyptologue occidental… »(17). La terre garde les bons esprits et c’est de là que provient l’expression consacrée « que la terre de nos ancêtres te soit légère », comme nous l’enseigne NSOUB NDZUENKEU Réné pour qui « NSI TAGNI est la demeure de Dieu et des forces de la nature », conformément à la religion des Bangoulap.

Les prêtres de la religion des Bangoulap

Au regard de l’existence du panthéon dans chaque famille, on peut donc en conclure que Dieu est partout. On nous rétorquera que si la religion des Bangoulap est une religion, qui sont donc les prêtres ? La réponse est aisée parce que le terme «prêtre» renvoie à ceux qui menaient l’office religieux dans l’Egypte antique. Les prêtres et les chamans existent aussi dans les religions des indiens d’Amérique. Lorsqu’on connaît l’influence de l’Egypte antique dans nos religions traditionnelles africaines, on doit en conclure que le terme de prêtre convient au premier chef aux religions africaines. Les autres religions qui ont consacré ce terme de prêtre auraient tout simplement procéder à un emprunt (remboursable ?) de ce concept à nos religions traditionnelles. A Bangoulap, le Chef traditionnel est le premier prêtre de la religion. Il est le guide religieux. Au niveau de la cellule familiale « chaque patriarche est prêtre pour sa famille ». Il est à rapprocher des ancêtres les vieillards ou patriarches à qui la religion des Bangoulap voue un véritable culte. Ceux-ci sont traités avec respect et vénération, à la différence des vieux en Europe qui présentent beaucoup des visages de mort. « Que valent en effet tous les progrès économiques et toutes les percées technologiques si, à la fin des fins, on n’est même pas assuré d’une sépulture décente ? Qu’un homme puisse mourir sans amour, juste comme un vieil arbre qui s’effondre au bord du chemin, est le signe d’une régression spirituelle. » (18).

Si on ne prend garde, la détérioration de nos valeurs ancestrale nous menera certainement vers cette vie de mort que Boubacar Boris Diop déplore en Occident. « Chaque famille est donc protégée par son patriarche et ses ancêtres. Mais, au dessus d’elle, certains personnages ont la responsabilité du groupe tout entier ; ce sont les chefs politico-religieux, les intermédiaires les plus puissants entre les morts et la nature » (19). Nous en avons pour preuve que lorsque Sa Majesté le Chef Supérieur Roi des Bangoulap a effectué une visite à Maroua en juillet 2011, il a aussi officié comme guide religieux. Ainsi, Sa Majesté le Chef Supérieur a, à toutes les étapes de son périple, distribué le jujube aux populations visitées. Sa Majesté a déclaré que la consommation du jujube en communion, en même temps que l’invocation du Dieu créateur procure la grâce et la paix : c’est ce qu’on appelle la prière. On ne peut évoquer le jujube sans faire mention de l’arbre de paix, le « Frequen », qui constitue un autre matériel du rituel religieux des Bangoulap. L’arbre de paix est utilisé pour chasser les mauvais esprits (démon ?) et apporter la paix. Aussi ne soyez donc pas surpris que tout en vous frappant avec des feuilles du « Frequen« , le patriarche qui vous donne sa bénédiction ,vous asperge des tonnes de salive et, à la fin, vous assène un coup violent dans le dos et vous demande d’aller avec la protection de Dieu. L’arbre de paix associé à la salive constitue également le moyen par lequel la bénédiction est donnée en Afrique. « La salive, en Afrique traditionnelle comme en islam, est considérée comme chargée de la puissance spirituelle des paroles prononcées. Elle accompagne donc souvent les gestes de bénédiction ou les rites de guérison » (20). Pour nous résumer nous pouvons donc retenir que le jujube, l’arbre de paix et la salive sont des outils de la religion des Bangoulap, au même titre que l’encens et la communion dans les croyances chrétiennes.

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Notes:

1. Bangoulap est une localité de 54 Km2 située dans la région Ouest du Cameroun. Il s’agit d’un sous-groupe de l’ethnie Bamileké. La langue parlée des Bangoulap est le Medùmba, communéement appelé «Le Bangangté». Bangoulap compte environ 12.000 habitants.

2. Anne-Cécile ROBERT, L’Afrique au secours de l’occident,  Editions de l’Atelier, 2004, Ivry-sur-Seine, P. 39

3. Mbégane Ndour cité par Anne cécile ROBERT in l’Afrique au secours de l’occident ;

4. Anne-Cécile ROBERT, op. cit. P. 28
5. Maurice DELAFOSSE, Les civilisations négro-africaines, cité par H. DESCHAMPS, Les religions de l’Afrique noire, Paris, P.U.F., Coll. « Que sais-je ? », 1965, p. 5.

6. Les titres suivants sont généralement des signes distinctifs de la notabilité dans le royaume des Bangoulap, comme dans bien d’autres sous-groupes de l’ethnie Bamileké: Menkam, Mbeu, Nsoub, etc.

7. Hubert DESCHAMPS, Les religions de l’Afrique noire, Paris, P.U.F., Coll. « Que sais-je ? », 1965

8. cité par JAAP VAN SLAGEREN in LES ORIGINES DE L’EGLISE EVANGELIQUE AU CAMEROUN , LEIDEN E J BRILL 1972, P. 125.

9. Axelle Kabou et Bolya Benga ; cita par Anne Cécile ROBERT in l’Afrique au secours de l’occident, EDITEURS PARTENAIRES, P. 28.

10. SANOU MBAYE dans l’Afrique au secours de l’Afrique ,les Editions de l’Atelier , P. 190.
11. MONGO BETI-ODILE TOBNER DICTIONNAIRE DE LA NEGRITUDE L’Harmattan, P. 19.
12. Christian AURENCHE, Tokombéré au Pays des Grands Prêtres, Les éditions de l’atelier, P. 42.

13. voir  Chinua Achebe, Le monde s’effondre, Présence Africaine, Paris, 1966.
14. cité par CHEIKH ANTA DIOP dans CHEIKH ANTA DIOP ARTICLES Presses Universitaires d’Afrique, IFAN, Nouvelles du Sud, P. 75
15. NDZUENKEU Réné
16. Hubert Deschamps, Les Religions de l’Afrique noire, op. cit.
17cité par CHEIKH ANTA DIOP dans CHEIKH ANTA DIOP, ARTICLES, Presses Universitaires d’Afrique, IFAN, Nouvelles du Sud, P. 116
18. préface de Boubacar Boris Diop de l’Afrique au secours de l’occident op cit, P. 17

19. Hubert DESCHAMPS les religions de l’Afrique noire

20.  Amadou Hampâté Bâ Petit Bodiel et autres contes de la savane, Pocket, page 34

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Auteur:

Maître TCHOUTA Roger
Huissier de Justice- Commissaire Priseur
Titulaire du certificat d’aptitude à la profession d’avocat
Mbeu à la Cour Royale de Bangoulap
Tél. 79 38 78 48 / 97 73 88 08
Email: rogerhollande@yahoo.fr                                                                              
 
                                                                                          Source de la photo: La fondation Jean-Félicien Gacha, http://www.fondationgacha.org

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One thought on “Mondialisation et religion ancestrale en pays Bantou: La religion des Bangoulap en débat!

  • tepakbong songong léopold dit :

    Une mise au point simple, qui tombe au bon moment pour ces africains qui ont embrassé fortement le mimetisme au point de considerer ce qui rélève normalement de leur monde vital comme de l’exotisme.
    L’auteur Mâitre TCHOUTA,par ailleurs confrère, vient d’accomplir là une mission de salut culturel: et si c’est cela qui expliquait les fondements du dynamisme et du modernisme Bamileke qui fait tant jaser….