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Nr. 00262- 04th Oct. 2022 – Weekly Newspaper devoted to Science & Technology in Africa ** Pour la promotion de l'esprit scientifique en Afrique

Élection Canada 2015: La Diaspora Africaine ignorée par tous les Leaders

welcome to the PARLIAMENT OF CANADA - bienvenue au PARLEMENT DU CANADALevez-vous pour votre cause et celle de tous les nouveaux immigrants, levez-vous pour votre environnement

Le 19 Octobre 2015, les Canadiens et Canadiennes choisiront le Premier ministre et le parti au pouvoir pour les cinq prochaines années. Sur les 338 sièges disponibles, 170 seront nécessaires pour une majorité qui est principalement disputée entre le parti Conservateur de l’actuel Premier ministre Stephen Harper, le Nouveau Parti Démocratique de Tom Mulclair, et le Parti Libéral de Justin Trudeau. D’autres parties politiques, comme le Bloc québécois de Gilles Duceppe et le parti Vert d’Elisabeth May et tous les candidats indépendants prennent également part à cette élection. Jusqu’à présent, cinq débats ont opposé les principaux partis. Au cours desdits débats, les dirigeants ont présenté aux Canadien(ne)s et aux résident(e)s permanent(e)s au Canada, leur programme pour les prochaines années à venir. De nombreux sujets ont été débattus par les dirigeants : l’économie, le commerce trans-pacifique, et la politique internationale. Étonnamment, et stratégiquement au profit du parti conservateur, la question du Niqab (foulard islamique) a été occupé le devant de la scène, laissant derrière elle les principales questions de l’économie, l’environnement, la pauvreté, la communauté autochtone, le commerce transatlantique, etc. Les questions de la diaspora africaine et l’intégration des nouveaux immigrants n’ont même pas été abordées, ni au cours des cinq débats, ni pendant la plupart des réunions des leaders et dans les médias. Dans les lignes qui suivent, je vais presenter quelques défis auxquels font face les nouveaux immigrants et la diaspora africaine au Canada, l’opportunité pour un changement et une meilleure intégration dans le monde du travail et faire quelques recommandations en ces derniers jours de campagne et même après les élections pour amener les leaders à considérer cette question importante dans leur agenda au cours des prochaines années.

 Les nouveaux immigrants et de la diaspora africaine au Canada

En 2006, Statistique Canada rapportait que près de 6,2 millions de personnes vivant au Canada étaient nées à l’extérieur du pays, ce qui représente 20% de la population canadienne. La projection montre que d’ici 2031, près de la moitié de la population âgée de plus de 15 ans sera née à l’étranger ou auront au moins un parent né à l’étranger. Au Canada, les nouveaux arrivants sont confrontés à de nombreux défis et obstacles. Ils sont repartis selon quatre classes d’immigration et les problèmes peuvent varier selon les cas et les situations. Les quatre classes sont les suivantes:

1. Classe des réfugiés: elle est constituée par des personnes à la recherche d’un refuge pour éviter la persécution dans leur pays d’origine en raison de leur appartenance ethnique, de leur religion, de leur orientation politique, etc.

2. Classe économique: elle est constituée des travailleurs qualifiés ou des professionnels, les propriétaires d’entreprises et les entrepreneurs qui ont un statut économique élevé dans leur pays d’origine.

3. Classe famille: elle est constituée des personnes qui sont parrainées par des parents ou ceux qui ont vécu au Canada et qui apporteront un soutien économique à leur famille.

4. Classe des travailleurs temporaires étrangers: elle est constituée des travailleurs qui viennent au Canada par des entreprises pour une courte période de temps.

Dépendant de la classe d’immigration, le processus de sélection requiert un temps d’étude assez long, allant d’une à plusieurs années, la preuve de l’éducation, des compétences, expériences et de nombreux documents.

Une fois au Canada, les nouveaux arrivants sont confrontés à de nombreux défis: Langue et culture: Beaucoup de nouveaux arrivants parlent le français ou l’anglais. Cependant, ils sont toujours confrontés à la barrière de l’accent canadien auquel ils doivent s’adapter. Dans de nombreux cas, la plupart ont à apprendre une langue seconde pour améliorer la chance d’avoir l’emploi. Beaucoup d’autres ne parlent aucune de ces langues et leur situation pour intégrer le marché du travail est pire et par conséquent, ils dépendent principalement des allocations sociales avec tous les stigmates et défis y associés.

Emploi et discrimination: de nombreux nouveaux arrivants ont une expérience énorme et une éducation supérieure, mais manquent le soi-disant « expérience et éducation Canadienne », qui les met hors de la population active pour de nombreuses années. Certains vont faire une nouvelle formation dans des secteurs à forte demande avant d’obtenir un emploi quand ils ont la chance et le plus souvent, sans aucun lien avec leurs compétences et expériences précédentes. Certains se contentent de petits boulots pour soutenir leur famille et d’autres combinent emploi et école. Après avoir terminé les études, au travail, beaucoup sont victimes de discrimination raciale entravant les progrès dans leur carrière.

Logement: Beaucoup de propriétaires demandent une lettre d’emploi ou un an de location pour donner aux nouveaux arrivants une maison, qui sont des conditions difficiles. En outre, l’acompte requis pour acheter une maison fait qu’il est difficile pour beaucoup ayant la famille de posséder une maison. Entre autres, la précarité de l’emploi et les difficultés liées à l’intégration ne permet pas d’avoir de crédit avec les banques.
Délai d’attente pour les bénéfices: Les nouveaux arrivants connaissent une période d’attente de trois à plusieurs mois avant d’accéder à de nombreux programmes gouvernementaux tels que la santé, le logement, bénéfices pour enfants et avantages fiscaux, etc.

Diaspora africaine et leurs défis spécifiques

La situation décrite ci-dessus pour les nouveaux arrivants est pire pour la diaspora africaine. Beaucoup de Canadien(e)s perçoivent les africains comme descendant d’esclaves, pauvres, pas instruits et leur manque en général de respect. De nombreux immigrants africains sont très instruits, ce qui n’est pas souvent reconnus, et en milieu de travail, même s’ils occupent des positions hiérarchiquement supérieures, leur autorité est habituellement méprisée. La violence, les abus policiers, les stigmates en milieu de travail, le racisme face à la diaspora africaine est encore grave au Canada et ce problème mérite d’être traité comme une question importante. La main-d’œuvre au Canada et besoins

Les statistiques montrent que le taux de chômage de nouveaux immigrants est le double de celui des travailleurs nés au Canada. Susan Monroe (2001) a analysé la main-d’œuvre du Canada et décrit cette situation:

Main d’œuvre qualifiée: les professions qui nécessitent un diplôme universitaire ont connu une augmentation de 33 pour cent à partir de la décennie précédente et un taux de croissance trois fois le taux pour l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne. Ceux qui ont besoin d’un diplôme d’études collégiales ou une formation d’apprenti n’a augmenté que de 3,3 pour cent. Les professions exigeant un diplôme d’études secondaires avaient un taux de croissance de 5,4 pour cent, bien en dessous du taux de la population active canadienne.

Main-d’œuvre vieillissante: La main-d’œuvre canadienne vieillit également. Environ 15 pour cent de la main-d’œuvre est à environ 10 ans de l’âge de la retraite et près d’un cinquième des baby-boomers au Canada ont au moins 61. En outre, le taux de natalité au Canada est resté faible pendant les 30 dernières années, de sorte que moins de jeunes entrent dans la force active pour remplacer ceux qui vont à la retraite.

Comment les nouveaux arrivants et africains pourraient être utilisés différemment

Participation politique: Les nouveaux arrivants représentent 20% de la population et de la main-d’œuvre canadienne, mais les débats politiques ne semblent pas avoir intérêt à leurs défis. Les nouveaux arrivants doivent s’impliquer davantage aux questions politiques pour pousser les dirigeants à traiter correctement cette question. Votre vote peut changer les choses et faire la différence, vos idées comptent. Renoncer aux leaders qui ne représentent pas vos intérêts et voter pour celui qui se soucie de vous.

Changement de paradigme dans les affaires et l’économie:

De nombreux propriétaires d’entreprises ne comprennent pas qu’un environnement multiculturel contribue à accroître la productivité. Ils se doivent de prendre en compte un juste équilibre qui aidera la croissance et soutiendra l’intégration. De nombreuses études ont montré que les entreprises ou organisations ayant un bon équilibre de compétences et d’expérience avec des gens venant de différentes origines seront beaucoup plus performantes que celles ayant une monoculture, et manquant d’approche multidisciplinaire. C’est un défi pour l’économie future du Canada, qui maintenant fait face à des défis de productivité et d’innovation graves.

Associations professionnelles: Les associations professionnelles sont souvent fermées aux nouveaux arrivants. Elles demandent très souvent de nombreux documents, une formation supplémentaire, même pour le cas des immigrants hautement formés et expérimentés, au moins 18 mois de stage qui coûte cher dans des conditions difficiles. Beaucoup réussissent malgré les difficultés à fournir les documents nécessaires, mais le plus grand défi reste le stage où les portes des entreprises sont fermées pour eux et donc la possibilité d’avoir un travail avec leurs compétences précédentes. L’obtention d’un stage est plus difficile pour la diaspora africaine. Un nouveau cadre juridique a besoin d’être mis en place pour une meilleure intégration des nouveaux arrivants dans les associations professionnelles et la main-d’œuvre.

Économie Africaine en pleine croissance et opportunités: Avec une population d’environ 1,1 milliard, un PIB de 3,8 trillions USD et un taux de croissance d’environ 5%, l’Afrique représente aujourd’hui une économie prospère avec de nombreuses possibilités pour l’investissement, la recherche, l’échange culturel. La diaspora africaine, les Canadiens et les dirigeants politiques doivent se rendre compte qu’il y a beaucoup de possibilités d’investissement, de partenariat, de collaboration et de recherche scientifique à de nombreux niveaux en Afrique. Il est important que ceci soit encouragé dans un nouveau paradigme économique nécessaire au Canada.

Afrique et Environnement: l’Afrique regorge la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, et il y a du soleil tout au long de l’année, faisant que pour atteindre l’objectif environnemental nécessaire, le renforcement de la coopération entre le Canada et l’Afrique pour la REDD + (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts), les exigences énergétiques et d’autres atténuation des changements climatiques est nécessaire à l’avenir.

Appel aux leaders, aux nouveaux immigrants et la diaspora africaine pour un meilleur avenir

Avec la crise économique et environnementale de plus en plus prégnante, le Canada a besoin et gagnerait à utiliser plus efficacement les compétences des nouveaux arrivants. De ce fait, nous abordons quelques questions qui devraient nous amener à y réfléchir davantage : Comment l’économie peut être stimulée quand un médecin ou un ingénieur qui a investi près de 100 000 $ pour son éducation travaille finalement comme chauffeur Taxi ou livreur de Pizza? Comment le changement peut avoir lieu si le meilleur de la diaspora africaine au Canada n’a pas la chance de continuer à travailler en utilisant ses compétences et son expérience de travail? Les nouveaux arrivants doivent être intégrés de manière appropriée au marché du travail. C’est un défi pour notre économie en récession; c’est un défi d’intégrer de nouvelles compétences pour résoudre la crise environnementale qui est liée à l’économie et nécessitent des compétences interdisciplinaires et des approches multiculturelles; C’est un challenge pour lutter contre la pauvreté; C’est un challenge pour réduire le nombre de personnes dépendant de l’aide sociale qui est normalement un fardeau pour une économie fut-elle prospère. Les nouveaux immigrants ont plus à donner au Canada et le pays doit leur permettre de mettre leurs compétences et leurs connaissances à son service.

Les leaders doivent prendre en considération l’importance des immigrants et les intégrer dans leur agenda. Nous devons défendre et propager ce message aux Canadiens et aux leaders afin que le changement ait lieu dans les prochaines années pour le bien-être de tous au Canada.

Auteur

Adrien Djomo, Bio-Environnementaliste, Université de Kingston, Ontario (Canada)

Avec la contribution de nombreux Africain(e)s de la diaspora et nouveaux arrivants au Canada

Cet article est disponible en version PDF au lien suivant:

Article – Adrien Djomo -Canada- Elections Legislatives 2015-october 14 2015

Article – Adrien Djomo -Canada- Elections Legislatives 2015-october 14 2015

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