Thomas Alexandre Dumas surnommé le « Diable Noir » ou encore l’Horatius Coclès français (Épisode 2)
Pendant la Révolution, sa carrière militaire va progresser de manière fulgurante. Il sert d’abord sous les ordres du général Dumouriez dans l’armée du Nord. Un autre Antillais, son ami le Chevalier de Saint-George, le fait venir dans la légion franche de cavalerie des Américains et du Midi et l’élève au grade de lieutenant-colonel ; Dumas se distingue à Mouvaux près de Lille où, à la tête d’une patrouille de 14 hommes, il surprend un poste de 40 soldats hollandais, dont trois sont tués de sa main et 16 faits prisonniers.
Ainsi le 13 septembre 1793, il est le premier général d’origine afro-antillaise de l’armée française. Il sera rejoint dans ce grade le 23 juillet 1795 par les généraux Louis-Jacques Beauvais, Toussaint Louverture, André Rigaud et Jean-Louis Villatte, également d’origine africaine et nés à Saint Domingue. Un peu plus tard, le 17 août 1794 il est nommé commandant en chef de l’armée de l’Ouest, il y arrive en septembre et démissionne par dégoût pour les massacres puis après avoir risqué l’échafaud pour avoir ouvertement désapprouvé la politique menée par la Convention en Vendée, on le surnomme « Monsieur de l’Humanité ». Rappelé au moment de Vendémiaire pour combattre les royalistes, il est bloqué à Gonesse à cause de la rupture de l’essieu de sa voiture, ce qui permet à Bonaparte de prendre le commandement des opérations…(á peu de choses prés). Son nom est rarement cité dans les articles qui se rapportent à l’expédition d’Égypte, alors qu’il y a joué un rôle majeur : c’est lui qui commandait la cavalerie à la bataille des Pyramides et qui a sauvé la situation au Caire. Il a également réprouvé la destruction de la Grande Mosquée ainsi que le massacre des rebelles, sur ordre de Bonaparte, après que ceux-ci se sont rendus.
La rupture définitive est intervenue lorsque Bonaparte fait exécuter 4000 prisonniers après la prise de Jaffa. En vérité, Dumas s’était heurté à Bonaparte dès les premiers jours de l’expédition d’Égypte. Lors de la terrible marche d’Alexandrie au Caire où les hommes mourraient d’épuisement sous une chaleur de feu, il avait participé à une réunion critique avec plusieurs de ses confrères du haut commandement (Lannes, Murat, Desaix, peut-être d’autres). Confronté à Bonaparte au lendemain de la bataille des Pyramides, il aurait exprimé haut et fort son idéal français :
Nap « — Ainsi, Dumas, vous faites deux parts dans votre esprit : vous mettez la France d’un côté et moi de l’autre. Vous croyez que je sépare mes intérêts des siens, ma fortune de la sienne.
Dumas— Je crois que les intérêts de la France doivent passer avant ceux d’un homme, si grand que soit cet homme. Je crois que la fortune d’une nation ne doit pas être soumise à celle d’un individu.
Nap— Ainsi, vous êtes prêt à vous séparer de moi ?
Dumas— Oui, dès que je croirai voir que vous vous séparez de la France.
Nap— Vous avez tort, Dumas…, dit froidement Bonaparte.
Dumas— C’est possible; mais je n’admets pas les dictatures, pas plus celle de Sylla que celle de César.»
À la suite de cette altercation Dumas sollicita son retour en France, et quitta l’Égypte le 7 mars 1799. À son retour en France, à l’époque du Consulat, en 1802, il est victime de l’épuration raciale de l’armée au moment de l’insurrection de Saint-Domingue (arrêté de Berthier du 29 mai 1802). Bonaparte le destitue de son grade de général de division le 23 juillet, le met à la retraite et lui refuse toute pension… Il ne sera pas cité dans le Mémorial de Sainte-Hélène et restera ignoré de la plupart des historiens de l’Empire…Pourtant il est le père de l’écrivain Alexandre Dumas (Les trois mousquetaires) et le grand-père de l’écrivain Alexandre Dumas Fils…
Source: #histoireálacon #Républiqueendanger #Histoirefrancaisecensuré
Alexandre Dumas, Mes Mémoires, tome 1, éditions Michel Lévy, Paris, 1863, 320 pages. Cf.
pp. 156-7.
Tom Reiss (trad. Isabelle D. Taudière, Lucile Débrosse), Dumas, le comte noir : Gloire, Révolution, Trahison : l’histoire du vrai comte de Monte-Cristo [« The Black Count: Glory, Revolution, Betrayal, and the Real Count of Monte Cristo »], Paris, Flammarion, 16 octobre 2013, 471 p.
Auteur
Fidel Amoussou-Moderan
Communication Expert and Public Relations for A.D.I/J.C.E
Analyst Development and conflicts
Teacher for French and Civilization
Jean-Baptiste Belley : L’Histoire a une Mémoire mais elle a aussi un avenir (Épisode 1) Violences: De la réflexion à l’intervention (Par Armand Touati)
Comments are currently closed.