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Nr. 00268- January 28 th, 2025 – Weekly Newspaper devoted to Science & Technology in Africa ** Pour la promotion de l'esprit scientifique en Afrique

L’Africain d’aujourd’hui entre Médecine traditionnelle et Médecine Occidentale

Photo- un tradipraticien en fonctionIl est difficile de dissocier Médecine et Culture, Médecine et Anthropologie. En effet, on soigne comme on est, et on soigne selon l’idée que l’on se fait de la vie, de la mort et du monde. Voilà pourquoi il est assez difficile de mettre les traditions médicales en concurrence. Des exemples concrets de médecins ou biologistes occidentaux qui utilisent les techniques médicinales d’Afrique, les plantes d’Afrique et travaillent avec des tradipraticiens africains sont nombreux. Je vous cite en référence le livre de Madame Yvette Parès, « Perles de sagesse de la médecine traditionnelle africaine » paru aux éditions Yves Michel en 2009. Actuellement, de nombreux Européens et Américains voyagent au Gabon pour se faire soigner contre les déviances de la toxicomanie. Le nombre élevé desdits voyageurs avait attiré l’attention des missions diplomatiques il y a quelques années. C’est dire la contribution que peut apporter la médecine africaine au traitement des pathologies que la médecine occidentale aborde plutôt difficilement.

 Ce qui est à regretter :

  1. la faible coopération entre médecins africains et traditpraticiens d’Afrique
  2. l’incapacité intellectuelle des professionnels de la médecine traditionnelle africaine à produire un corpus de science et un cheminement de carrière. Conséquence : tout le monde y rendre et n’importe comment. Chacun se dit docteur, n’importe qui soigne tout, même le SIDA.
  3. l’incapacité intellectuelle des professionnels de la médecine traditionnelle africaine à répondre au défi de la modernité. Il n’y a pas d’évolution notoire dans l’art. Rares sont les tradipraticiens qui peuvent utiliser un microscope. Peuvent-ils lire et interpréter un bilan sanguin ? Que dire de la recherche tout court ? Les dérivés de la noix de coco (par exemple) peuvent-ils aussi servir à soigner des maux de tête ??

Les revers de la médecine occidentale sont nombreuses : les contre-indications et effets secondaires, les maladies nosocomiales, etc. Les erreurs de diagnostic aussi ? Force est de constater qu’elles sont le propre de tout ordre de médecine, justement parce que l’erreur est humaine. Mais, dans le contexte africain, l’on a comme impression que la médecine traditionnelle africaine est aujourd’hui bourrée de plus de charlatans que de véritables professionnels de la santé.

Personnellement, je voudrais bien porter un regard critique (voire méprisant) sur la médecine occidentale ou sur la médecine chinoise. Mais, que deviendrait la santé publique en Afrique si du jour au lendemain, l’hôpital général de Yaoundé, de Douala, de Bamako, de Brazzaville, la faculté de médecine de l’université de Dakar, l’université de Kinshasa, de l’université d’Ibadan, de l’université d’Accra, fermaient ses portes? Ce serait l’hécatombe ! Voilà peut-être une autre raison de travailler solidement à partir de l’héritage laissé par le pouvoir colonial. Je le constate avec grand étonnement : Quand il faut tirer avantage d’un savoir africain, les Occidentaux n’hésitent pas. Ils passent à l’action. Ils prennent même le devant de la scène. Comme le témoigne les recherches sur la plante IBOGA. Mais, quand se présente l’occasion pour les Africains de tirer un avantage de l’héritage occidental, immédiatement ressurgit un complexe. L’on note comme une gêne. Pourtant, la science évolue grâce aux échanges, aux emprunts.

Admin, Frankfurt am Main, 15 Avril 2014

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