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Nr. 00265- 9th Jan. 2024 – Weekly Newspaper devoted to Science & Technology in Africa ** Pour la promotion de l'esprit scientifique en Afrique

Le rapport entre la corruption et le genre: Le regard de «Transparency International»

Quel est l’impact de la corruption sur l’égalité entre les hommes et les femmes? Quel est l’impact de la corruption sur les femmes en Afrique ? Les femmes sont-elles plus vulnérables dans un système politique corrompu? Ces questions semblent secondaires à première vue. Pourtant, elles méritent bien de retenir notre attention. Les femmes étant encore assez vulnérables dans nos sociétés, on peut logiquement comprendre que celles-ci demeurent la première victime de la corruption et paient le grand prix. Dans son document de travail Numéro 02/2010, l’ONG internationale de lutte contre la corruption Transparency International aborde le sujet : «Il est de plus en plus reconnu que le genre amplifie les effets de la corruption, en particulier quand il s´agit de la prestation de services dans des pays en développement.» En effet, l’impact négatif de la corruption peut porter aussi bien sur l´accès à la justice, sur les services de santé que sur l´éducation, particulièrement chez les filles et les femmes. Les répercussions de la corruption sur l’égalité des sexes et le développement durable de leur pays sont perceptibles.

Si les précédents rapports de Transparency International mettent en exergue l’impact bien négatif de la corruption sur les couches sociales les pauvres en Afrique, celui de 2011 s’intéresse particulièrement aux rapports de genres et présente une forte proportion de femmes et de filles touchées par la pauvreté et exposées aux abus dans les services publics. En ce qui concerne la “petite corruption” (au niveau des services de base comme les inscriptions dans les écoles de base), les femmes semblent être les premières victimes, souvent obligées de payer pour les services qui leur sont destinés conformément à la réglementation en vigueur. Quant à la “grande corruption”, c’est à dire la corruption au niveau des cadres, elle frappe aussi fortement les femmes, celles-ci étant très souvent écartées du système ou des réseaux, et ignorant parfois tout de leurs droits les plus élémentaires.

Discrimination institutionnalisée

Ce même rapport établit un listing de raisons qui justifient la position de la femme comme la victime par excellence de la corruption: l’accès limité aux ressources; l’utilisation fréquente des services publics à des fins familiales et sanitaires; la fonction publique dominée par les hommes qui imposent leur vision de la société; leur exclusion des hautes instances de prise de décisions au sein de l´État, etc. Les inégalités entre les sexes entraînent une discrimination de type institutionnelle. Cet état des choses marginalise les femmes, ce d’autant que leurs plaintes n’ont presque aucune suite dans un système judiciaire dominé par les hommes. La protection juridique minimale est loin d’être un acquis pour elles. Le harcèlement sexuel dans les écoles et centres d’éducation et l´utilisation du sexe comme une forme de compensation, de corruption et d´abus restent banalisés dans nos sociétés, et les organisations de défense des droits de la personne les dénoncent constamment. Même si en général les femmes et les jeunes filles restent la victime de cette forme d´exploitation sexuelle, on note cependant de nos jours avec la montée de l´homosexualité dans les villes africaines un nombre important de garçons livrés en proie aux hommes qui, usant de leur pouvoir économique, social et politique, abusent de ceux-ci.

Pour remédier à ce problème, le rapport de Transparency International propose quelques solutions parmi lesquelles l´intégration des femmes à tous les niveaux des services; la collecte des données fiables sur l´impact de la corruption sur les femmes et les hommes; la prise en compte des rapports de genres dans la lutte contre la corruption; l’amélioration de l´accès des femmes aux informations et aux processus décisionnels. Il reste cependant à savoir si les femmes occupant de positions influentes contribuent à combattre la corruption ou se transforment aussi à leur tour en corrompues.

Note: Transparency International est une ONG basée à Berlin en Allemagne. Elle a vocation de lutter contre la corruption partout au monde. Elle produit chaque un rapport sur la corruption dans le monde. Elle est une institution bénéficiant d’une réeelle notauriété.

Sources:

African Statistical Yearbook 2011/Annuaire Statistique pour l´Afrique 2011, African Development Bank Group/African Union/Economic Commission for Africa, 2011, http://www.uneca.org/eca_resources/Publications/books/AfricanSatatisticalYearbook2011.pdf, 18.12.2011

Transparency International (2010): La corruption et le genre dans la prestation de services: l´inégalité d´impact, document de travail No 02/2010, Berlin, http://www.transparency.org/publications/publications/working_papers/wp_02_2010_corruption_and_gender, 18.12.2011

Transparency International Annual Report 2010 (2011): Annual Report 2010, Harrison, Alice/Sidwell, Michael (eds.), Berlin, http://transparency.org/publications/publications/annual_reports/annual_report_2010, 18.12.2011

 

Auteur:

Florence Tsagué A.
Africa & Science

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