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Nr. 00265- 9th Jan. 2024 – Weekly Newspaper devoted to Science & Technology in Africa ** Pour la promotion de l'esprit scientifique en Afrique

Esclavage, traite négrière, etc. Peut-on parler d’un racisme viscéral anti-Noir dans le contexte historique moderne? Échanges épistolaires entre 2 Africains engagés

Pour de nombreux Africains, il existerait culturellement chez les humains de race blanche un racisme anti-Noir viscéral, un racisme entretenu par les livres d’écoles, les médias de masse, etc. Mais, pour d’autres Africains, le phénomène de la discrimination est d’ordre humain, et ses traces peuvent être retrouvées dans toutes les cultures. De ce fait, parler de racisme viscéral du Blanc à l’encontre du Noir serait une inexactitude, voire un abus de langage, dans la mesure où cette forme de haine peut aussi être retrouvée chez les humains de même culture ou de la même race comme l’attestent les confrontations entre Hutus et Tutsi en 1994, ou encore les évènements de Dokoué en Côte d’Ivoire en 2010-2011.

Les échanges épistolaires que nous publions ci-après remettent à la lumière du jour le débat sur le racisme anti-Noir, un phénomème que l’un des intervenants semble circonscrire bien difficilement. Vous aussi, vous pouvez participer à ce débat en envoyant votre point de vue à : info@africa-and-science.com . Nous les publierons avec plaisir.

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Échanges épistolaires: Bien vouloir suivre l’ordre chronologique :

 

Message 1 : 

From: Africain1 <Africain1@googlemail.com>
To: <Africain2@yahoo.com>
Sent: Monday, January 7, 2013 4:53 AM

Subject: Besoin de ton avis

 

Salut mon cher Frère Kilimandjaro,

j’espère que tu as bien débuté la nouvelle année. De mon côte, ça va assez bien. Je t’envoie un texte en annexe en te priant, si cela est possible, d’y jeter un coup d’œil et de me donner ton avis. J’ai l’intention de le publier dans les semaines à venir.

Merci d’avance

Africain1

 

Réponse au message 1 :

2013/1/7 < Kilimandjaro2@yahoo.com>

Salut mon Frère Africain1

Très content de te relire en ce début d’Année. La Fête a été bien belle de mon côté. On a mangé le riz et la viande, figure toi !!!! (rires). Ton texte me renvoie à un débat récurrent. Je suis même actuellement en train de lire un texte d’histoire sur la haine contre les Juifs. Il y a une absence de précision dans ton texte, selon moi. Ma question: veux-tu parler de la haine à l’encontre des Noirs ou de la haine à l’encontre des Africains (Noirs y compris???)

Dans tous les cas, je te retourne ton texte. Tu trouveras mes commentaires en couleur bleue.

 Au plaisir de te relire

 Ton Frère Kilimandjaro

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Voici une extrait du texte dont il est question:

Titre: « Quel terme générique désigne la haine et les préjugés à l’égard des Africains ou des Noirs ?»

 Par Africain1, Janvier 2013

La haine contre les juifs s’appelle l’antisémitisme, celle contre l’islam (et par ricochet contre les arabes) est l’islamophobie, l’antipathie pour les femmes est la phobie des femmes (ou gynéphobie), les ressentiments contre les homosexuels est l’homophobie. Mais quel terme désigne la haine à l’égard des africains, les préjugés ou les discriminations que connaissent les africains ou noirs? (Kilimandjaro: Sur ce point, je voudrais te faire remarquer que les Africains, dans le langage commun, ont tendance à confondre race et continent. La haine de l’Africain est généralement comprise comme la haine du Noir. Une distinction mérite bien d’être faite). L’Afrique est un continent multiracial. Dans le langage quotidien, il n’y en existe aucun. (Oui, s’il n’existe aucun, c’est parce que la haine de l’Africain n’existe peut-être pas. Mais la haine de l’Africain Noir par contre existe. La haine de l’Africain Arabe existe bel et bien, et un nom leur est attribué. Une fois encore, tu confonds Africain et Noir. Ce faisant, tu es dans une logique difficilement soutenable. Si tu veux soulever le problème de la gestion du racisme à l’encontre des Africains de race noire, pose le simplement et clairement, en parlant d’Africain de race noire, et pas d’Africain.

En d’autres termes, ton article ne trouvera sa force que si et seulement si nous admettons que Africain = Noir. Or ceci est difficilement acceptable par tous. L’Afrophobie en tant que tel me parait difficilement concevable. Car, cette Afrique identitairement UNE relève plus du mythe.

Veux-tu parler du racisme anti-Noir ??? Alors parle-s-en, mais sans utiliser l’expression « Afrophobie », terme qui renvoie plutôt à la haine de l’Africain.

 

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Message 2 :

From:  Africain1@googlemail.com>

To: <Kilimandjaro2@yahoo.com>
Sent: Monday, January 7, 2013 4:49 PM
Subject: Re: Besoin de ton avis

 

Merci mon cher Kilimandjaro pour la réaction prompte. Le point que tu soulèves me taraude aussi bien l’esprit. L’afrophobie, telle que je la conçois, se réfère de manière générale aux noirs et particulièrement aux africains noirs.

Voici comment le philosophe allemand Hegel définit l’Afrique au XIXe siècle : «elle se compose de trois parties que nous devons rigoureusement distinguer. La diversité de sa constitution géographique est si remarquable que son caractère spirituel lui-même, dans sa diversité, reste lié aux déterminations physiques. L’Afrique est, pour ainsi dire, composée de trois continents qui sont totalement séparés l’un de l’autre et n’ont aucune communication réciproque. L’un se trouve au sud du désert du Sahara : c’est l’Afrique proprement dite, le haut pays qui nous est totalement inconnu, avec d’étroites bandes côtières au bord de la mer. L’autre, situé au nord du désert, est l’Afrique, pour ainsi dire, européenne, un pays de côtes. Le troisième est le bassin du Nil, la seule vallée d’Afrique, qui se rattache à l’Asie » (Hegel 2007). Même Hegel est conscient que l’Afrique n’est pas un continent peuplé seulement de personnes de couleur de peau noire. Aussi erronée que sa cartographie culturelle de l’Afrique soit, elle n’est pas qu’une vue de l’esprit. Dans la réalité d’aujourd’hui lorsqu’on fait allusion à l’Afrique, l’association est généralement faite avec l’Afrique des noirs. Une partie de l’Afrique du Nord sent plus proche de l’Europe (avec par exemple l’Union pour la Méditerranée) et l’autre partie se sent plus proche du moyen orient. Les africains noirs quant à eux ne pensent pas aux arabes quand ils parlent de l’Afrique. C’est la même chose pour les asiatiques ou occidentaux. Les soulèvements populaires en Tunisie et Egypte n’ont pas été baptisés révolution africaine mais arabe. Si par contre, la révolution avait eu lieu au sud du Sahara, on aurait sans doute parlé de révolution africaine.

Au-delà de cette considération qui peut être discutable, le préfixe « afro » n’est pas synonyme d’Afrique, sinon les afro-américains ou afro-caraïbes seraient considérés comme des africains. Quand on parle par exemple du style afro, il s’agit clairement d’un style émanant de la culture des noirs. Le préfixe « afro » est donc propre à tout ce qui est relatif aux noirs.

Bonne nuit et au plaisir de lire ta réplique

Africain1

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Réponse au message 2

 

2013/1/8 <Kilimandjaro2@yahoo.com>

Salut Africain1

Merci pour tes commentaires. En effet, ton texte est très important, parce qu’il touche directement au problème central de la conscience scientifique africaine.

Tu verras sur le forum de l’ADI que les différences d’approche de la question de l’identité, de la dignité des Africains viennent effectivement du fait que nous n’arrivons pas encore à situer le phénomène de la domination dans une trajectoire purement humaine. Avant la traite des Noirs, c’était la traite des Blancs, je veux dire la soumission, l’exploitation du Blanc par le Blanc. Cheick Anta Diop décrit cette soumission du Blanc par le Blanc. Elle est abominable. Pourquoi penses-tu qu’il y a eu un complot international anti-Noir quand manifestement la découverte de la machine à vapeur met fin à la traite (et pas à la domination)? Si les Africains inscrivent la traite négrière dans une trajectoire d’exploitation de l’homme par l’homme, nous aborderons mieux le problème de l’identité. Or, nous sommes pris au piège du racisme.

 Voila le problème

Kilimandjaro

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Message 3

From: <Africain1@googlemail.com>
To:  <Kilimandjaro2@yahoo.com>
Sent: Tuesday, January 8, 2013 9:20 AM
Subject: Re: Besoin de ton avis

 

– Parlant des esclavages, ce n’est pas la brutalité qui fait la différence. À mon avis, le caractère global et la légitimation religieuse, biologique, théorique et politico-juridique donnent à l’esclave et la soumission du peuple noir une touche particulière

– En ce qui concerne les penseurs des lumières, tu as évidement raison, il y a eu un manque de précision de ma part. J’aurais dû dire certains.

– pour ce qui est du groupe cible, wikipedia n’est pas vraiment utile car le terme afrophobie n’y est pas encore élaboré. Sur sa page anglaise voici ce qui y est écrit au sujet d’afrophobia: « Fear, hate, or dislike of Black Africans and Black African descendant ». Et je suis dans cette logique, seulement il faut bien argumenter.

Merci beaucoup pour tes remarques pertinentes.

Africain1

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Réponse au message 3

 

2013/1/9 <Kilimandjaro2@yahoo.com>

Salut mon frere Africain1,

Merci pour ton message. Mes commentaires sont dans ton texte en couleur.

Kilimandjaro

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Salut mon cher Kilimandjaro,

La dimension purement humaine de la traite est aussi le refus de l’humanité aux autres. Autrement dit, le recours à la légitimation raciale est aussi une stratégie humaine normale pour atteindre des objectifs financiers ou de pouvoir. Ce ne sont pas les africains qui font le lien entre esclavage et race, ce sont les esclavagistes eux-mêmes qui l’on fait. ( Kilimandjaro: Oui, tu as raison. Mais les esclavagistes le font pour des raisons instrumentales.Car, pour utiliser l’autre, il faut bien justifier son infériorité. Quand on utilisait l’esclave Blanc, on le justifiait pareillement par son indignité, son incivisme, etc. Dans les deux cas, il faut dépouiller l’autre de ses droits humains et de son aspiration légitime à la dignité). 

 Je pense que tu fais une erreur en ayant une approche purement mécanique de la traite des noirs en argumentant qu’il a aussi existé entre les blancs. L’esclavage a toujours été accompagné par des idéologies qui ont survécu l’abolition de l’esclavage (oui, tu as raison, puisque l’exploitation a survecu à l’abolition de l’esclavage aussi). Et parfois même transformé l’esclave. Aujourd’hui, il n’y a plus de traces des esclavages entre blancs et esclavages entre noirs, mais celles des esclaves de la traite existent très bien. D’où la nécessité de faire la différence entre les deux formes d’esclavages. Non, les deux formes sont motivées par la recherche du gain, du profit.

La machine à vapeur a été un facteur, mais l’abolition est aussi et avant tout  (AVANT TOUT ???) le fruit des jeux politiques (Lincoln aux USA) et de la lutte contre l’esclavage (NON. Lincolt n’est pas aussi anti esclavagiste que cela parait. Voici ce que je peux lire sur Wikipedia: «Dès cette période, ses positions anti-esclavagistes sont apparentes mais il n’est pas en faveur du droit de vote pour la population noire». Mais ce n’est pas grave. Revenons à ton affirmation de départ. Quand devient-il président des État Unis ? 1861. Or, le Liberia est créée en 1820 par le pasteur methodiste Rev. Jehudi Ashmun justement pour y déverser les esclaves noirs dont on n’en a plus besoin aux USA. Ce projet n’est pas original non plus, car la Grande Bretagne crée sa Sierra Leone en 1787 pour y déverser les esclaves dont les progrès de la science et de la technologie ont rendu encombrant en métropole. Voir l’encadré ci après. Conclusion: Avant la présidence de Lincoln, tout laisse clairement entrevoir que l’esclavage ne sera plus le facteur centrale de la productivité économique dans le futur. Rires !!!!!)

Et justement parce que les légitimations ne sont plus soutenable.  Cela est aussi valable pour l’esclavage entre les blancs. Ce n’est pas le progrès technique qui l’abolit, mais d’abord l’émancipation et donc les revendications sociales (Pour ton info, les revendications sociales comptent pour trop peu dans l’abolition de l’esclavage. De même qu’elles ont compté pour trop peu dans la décolonisation de l’Afrique). La traite L’esclavage classique des noirs existe encore aujourd’hui en Mauritanie. Cet exemple montre que le progrès technique peut favoriser mais, pour ceux qui sont convaincus de la condition d’esclave de certains groupes cela ne change rien, encore quand l’esclave ne se révolte pas.

je ne suis pas dans une logique de complot. Partant de l’idéologie de la traite des noirs et les idées reçues qui sont véhiculées de nos jours sur ses derniers, je montre que tout cela conditionne le comportement des blancs et autres à l’égard des noirs. Je ne pense pas qu’il y aurait un master plan derrière tout cela. (T’as raison. Mais, faudrait-il encore comprendre la logique de la discrimination et de sa dimension instrumentale. Même si tous deux sont Blancs, un Neonazi n’est pas à mettre dans le même panier que le DG de  Nike ou Adidas qui exploitent les personnes de races differentes dans leurs chaines de production en Asie ou ailleurs).

 Bonne soirée

Africain 1

Voici l’encadré (en clair, on n’a plus besoin de l’esclavage pour assurer le futur !!) J’espère vraiment t’aider par mes commentaires. Je trouve que nous sommes pris au piège du racisme.

«     En 1787, les Britanniques achètent l’emplacement où sera bâtie la capitale Freetown. La première vague de peuplement est constituée de 400 Noirs en provenance de Londres. Puis s’y ajoute, par le biais de la Sierra Leone Company, une partie des loyalistes noirs, des esclavesaffranchis en contrepartie de leur engagement dans le camp britannique pendant la guerre d’indépendance des États-Unis. Après avoir transité par la Nouvelle-Écosse ou par Londres, la majorité d’entre eux sont envoyés à Freetown. Le peuplement est complété par les Nègres marrons de Jamaïque(reconquise en 1796) déportés en Nouvelle-Écosse et un nombre croissant de recaptives, Noirs arrachés par les croiseurs britanniques aux bateaux négriers de contrebande. La Sierra Leone devient en 1792 la première colonie britannique de l’Afrique de l’Ouest et, en 1794, le poste de gouverneur en est confié à Zachary Macaulay. La colonie, dont l’assise reste fragile, doit faire face à l’assaut des troupes révolutionnaires françaises   ».

 Source: Wikipedia

Remarque: ceci ne sont que des informations accessibles sans grand efforts. Les résultats des recherches fouillées se trouvent dans ma thèse, notamment dans la partie sur le Liberia. Tu l’as surement dans ta biblio.

Ton frere Kilimandjaro

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Message 4


From:  <Africain1@googlemail.com>
To:  <Kilimandjaro2@yahoo.com>

Sent: Wednesday, January 9, 2013 8:09 AM

Subject: Re: Besoin de ton avis

Salut mon cher Kilimandjaro,

Toi et moi nous sommes d’accord sur le caractère instrumental des arguments pour justifier l’esclavage. D’ailleurs dans mon texte, je parle de l’hypocrisie de certains défenseurs de la traite des noirs. Mais contrairement à toi, deux aspects me semblent importants en ce qui concerne justement la traite des noirs. D’un côté, certains esclavagistes étaient convaincus de l’infériorité des noirs. Et cette conviction, on la retrouve encore de nos jours chez certains, comme le prix Nobel James Watson que je cite dans mon texte. Et il n’est pas dans une logique de profit et de gain. Tu as parlé des néonazis. Ils n’étaient pas non plus dans une logique de profit. Ils tirent les argumentions pour leurs actes aussi des idéologies raciales qui ont alimenté l’esclavage. Tu vois le piège du racisme n’est pas partout, il y a racisme pur et racisme pour les raisons économiques.

Et de l’autre côté, la propagande pour justifier la traite a été reçue comme réelle par certains et de part et d’autre. Aujourd’hui lorsqu’un blanc déteste un noir et vice versa, cela est totalement insignifiant qu’au départ le racisme fut instrumentalisé ou pas. Ce que tu ignores, à mon avis, c’est le fait que la légitimation de l’esclavage axée sur les lignes ou différences raciales à la peau dure et par conséquent les stigmates qui en découlent. En ce qui concerne les esclavages internes les stigmates disparaissent relativement vite. D’où une fois encore l’importance de faire des différences.

Concernant maintenant l’abolition, ton propos concernant Lincoln est selon moi en accord avec ce que j’avais dit : le jeu politique. Je ne l’avais pas caractérisé d’anti-esclavagiste. Je trouve que tu minimises à tort le rôle des mouvements anti-esclavagistes. Il y a une dynamique entre la perte de la valeur ajoutée de l’esclavage et la prise de la conscience de cette abomination. Sans cette prise de conscience (et la perte de force de la légitimité de la traite), l’esclavage serait encore légal de nos jours. Il se serait adapté aux changements techniques. Même aujourd’hui, malgré les progrès dans la productivité, il y a toujours des domaines où l’esclavage serait une manne pour la maximisation du profit. Et c’est justement pour cela qu’il y a plusieurs formes d’esclavage moderne qui existent, par exemple dans les plantations ivoiriennes. Je connais bien le discours sur le caractère technologique de l’abolition de l’esclavage et je pense qu’il relève d’une approche purement économique et par conséquent réductionniste, tout comme l’explication de la pratique de l’esclavage qui est basée sur le profit.

Tu sais, je pense même que les noirs ne sont pas toujours discriminés par racisme. La discrimination des noirs, me semble-t-il, a aussi un rapport avec leur pauvreté et la misère du continent. Les ressentiments sont semblables à ceux que les pauvres blancs rencontrent aussi. Autrement-dit, si l’Afrique connaissait un essor économique considérable, les hostilités pourraient diminuer, s’il n’est pas aux dépens des blancs. Tu vois je ne suis pas dans le piège du racisme. J’essaie d’avoir une lecture différenciée

Bonne soirée

Africain1

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 La suite de cet échange épistolaire sera publiée dans notre prochaine parution.

 Vous aussi, vous pouvez participer au débat en envoyant votre point de vue à: info@africa-and-science.com

 

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Source de l’image d’illustration: Emmanuel Lerouei, «Quel est le bilan humain de la traite négrière ?» ,
http://terangaweb.com/quel-est-le-bilan-humain-de-la-traite-negriere/, 14 jan. 2013

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