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Nr. 00265- 9th Jan. 2024 – Weekly Newspaper devoted to Science & Technology in Africa ** Pour la promotion de l'esprit scientifique en Afrique

La Femme, la maternité et la carrière professionnelle: Une conciliation systématiquement difficile?

La maternité reste un souci majeur dans la vie professionnelle féminine. Elle est en effet perçue comme une cause supplémentaire d’absence qui, pour un poste donné leur fait préférer un homme. Or, notre époque est marquée par la forte revendication d’exister en tant que personne en développant toutes ses potentialités, dans ou hors du travail.

La plus part du temps, la gestion de la sphère privée et professionnelle incombe majoritairement à la femme. Les décideurs du monde professionnel, en matière d’évolution des carrières féminines sont souvent confrontés à de nombreuses questions, à fortiori parce que le sujet est réputé « difficile » voire délicat. Le problème qui se dégage est celui de l’impact de la vie familiale sur la vie professionnelle de la femme. la grossesse constitue-t-elle un frein de l’évolution  de carrière de la femme? Mieux, s’il est vrai que le mode de vie des femmes implique une gestion très stricte de leur emploi du temps et que la grossesse suppose un état, quelles peuvent être les effets lorsque celui-ci entre en conflit avec les contraintes de l’entreprise ?

Il semble donc pertinent d’explorer des pistes de réflexion afin de contribuer à ce que les entreprises  et les parties prenantes en l’occurrence la femme-mère, en toute objectivité élaborent, affinent et confrontent leur position et démarche.

Nous orientons notre analyse d’une part sur l’arbitrage de la loi par rapport à la maternité et la carrière de la femme, et d’autre part, nous axerons l’argumentaire sur les implications (positives et négatives) que la maternité peut avoir sur la carrière de la femme et de l’organisation.

I – LA FEMME ET LA MATERNITE AU SEIN DE  L’ORGANISATION

La maternité est un aspect de la vie de la femme qui requiert beaucoup d’attention ainsi que de traitement. C’est le moment où elle doit se sentir appartenir à une organisation qui se respecte.

 A- Protection de la maternité

Comme toute personne apte à exercer les tâches dans une organisation, la femme enceinte quand elle bénéficie d’une protection tant sur le plan législatif que sur le plan social.

a) Sur le plan de la législation

La protection de la maternité figure parmi les principales préoccupations de l’O.I.T depuis sa création. La première convention sur la protection de la maternité (convention N°3) a été adoptée lors de la première conférence internationale du travail de l’O.I.T en 1919. Ici, il est question d’analyser les principales dispositions juridiques figurant dans la législation sur la protection de la maternité. Le Cameroun a adopté certaines mesures notamment dans son code du travail en faveur de la protection de la maternité. C’est ainsi que le code du travail lui reconnait le droit à un congé de maternité de quatorze semaines (art 84,2) « toute femme enceinte a droit à un congé de maternité de quatorze (14) semaines, soit 4 semaines avant la date présumée de l’accouchement et 10 semaines après l’accouchement.

Ce congé peut être prolongé de six (06) semaines en cas de maladie dument constatée et résultant soit de la grossesse, soit des couches ». Pendant la durée de ce congé, l’employeur ne peut rompre le contrat de travail de l’intéressé, le droit d’être payé pendant le congé de maternité (l’art84, 5) «  … la femme a le droit pendant le congé de maternité… à une indemnité journalière égal au montant du salaire effectivement perçu au moment de la suspension du contrat de travail ».

                        b) Sur le plan de la santé et de la sécurité sociale

La protection de la maternité comprend la prévention des risques à la santé et la sécurité pendant et après la grossesse. Elle contribue à la santé (amélioré la santé maternelle) et au bien être des mères et leurs bébés. En protégeant l’emploi des femmes et en maintenant leurs revenues pendant et après la maternité, la législation contribue également à la réalisation de l’objectif 3 du millénaire pour le développement, qui promeut l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes. La législation en vigueur prévoit des pauses d’allaitement pour la femme après avoir repris le travail. Art 85 al1  «  pendant une période de quinze (15) mois à compter de la naissance de l’enfant, la mère a droit à des repos pour allaitement ». Les priorités de la protection de la maternité sur le plan de la santé et de la sécurité sociale sont de s’assurer que le travail des femmes ne pose pas de risque pour leur santé maternelle et que la fonction reproductive des femmes n’a pas d’incidences négatives sur leur sécurité économique et leur emploi. En effet préserver la sécurité de l’emploi et maintenir les revenus de la femme pendant et après la maternité revêtent une grande importance. les articles 84 al1b « … l’employeur ne peut rompre le contrat de travail de l’intéressé du fait de la grossesse »et Art 84 al5a « outre les diverses prestations prévues par la législation, sur la protection sociale et familiale » , fournissent les informations en matière de la protection sur le plan de la sécurité de la maternité. L’incertitude demeure toutefois quant-à l’efficacité avec laquelle la législation en vigueur est appliquée  dans l’organisation.

             B- La pratique de la gestion de la maternité dans l’organisation

Les entorses à la protection de la maternité portent sur l’ampleur de la discrimination liée à la grossesse dans la relation de travail et sur le harcèlement sur le lieu du travail.

                        a) Discrimination dans la relation de travail

 La discrimination liée à la grossesse sur le lieu de travail est une discrimination sur la base de sexe au sens strict, à savoir une situation dans laquelle une personne est traitée de manière moins favorable en raison de son sexe qu’une ne l’est, ne l’a été ou ne le serait dans une situation comparable.

Cette discrimination peut se manifester dès la candidature ou lors du recrutement. Certaines femmes déclarent que lors de l’examen de candidature on leurs a explicitement demandé si elles souhaiteraient avoir des enfants. Certaines se voient dire dès le début de leur emploi qu’elles ne peuvent par tomber enceintes, ou doivent pré-signer une lettre de rupture qui sera utilisée en cas de grossesse. D’autres travailleuses enceintes par contre rencontrent des difficultés en ce qui concerne leurs conditions de travail.

Ainsi, certaines sont transférées contre leur gré ou au contraire n’obtiennent pas de réponse positive à leur demande de transfert à raison de leur maternité tandis que d’autres sont affectées à une horaire réduite ou peu compatible avec une famille. Elles se voient en outre refuser des congés pour s’occuper de leur bébé malade, de pouvoir travailler dans les conditions plus flexibles en raison des risques  de réticences de l’employeur. Le plus souvent, ces femmes se voient accomplir d’avantage  de travail, surtout durant la période préalable à leur congé de maternité.

Le licenciement est selon diverses sources l’un des type les plus radicaux de discrimination fondée sur la grossesse. Dans certaines entreprises, les travailleuses enceintes sont menacées de licenciement ou incitées de façon plus ou moins subtile, voire contraintes à démissionner. Leur décision est alors essentiellement influencée par certaines remarques négatives de collègues ou de supérieures ainsi que par une dégradation des relations de travail. Certaines travailleuses s’avèrent en outre démissionner en raison d’un climat professionnel désagréable. Ces travailleuses enceintes ayant un statut précaire se voient aussi refuser le prolongement de leur contrat de travail en raison de leur grossesse.

b) Le harcèlement sur le lieu du travail en cas de  grossesse

Les travailleuses sont confrontées à toutes sortes de harcèlemènent durant leur  grossesse et après leur accouchement. Les femmes enceintes sont en outre assez souvent confrontées à des critiques injustes. D’autres estiment faire l’objet d’un suivi et de sanction plus stricts que leurs collègues. Elles ont aussi l’impression que leurs prestations sont évaluées de façon plus négative en raison de leur grossesse.

Les collègues des travailleuses enceintes se plaignent parfois du coût social d’une grossesse ou d’absence de celles-ci ainsi que les problèmes qui s’ensuivraient (augmentation de la charge de travail, problème de l’intérim).  De même, les supérieurs émettent essentiellement des commentaires sur l’absence durant le congé de maternité, notamment parce qu’ils craignent parfois que la travailleuses ne revienne pas à l’issue de celui-ci, ou parce qu’il règne une certaines inquiétude quant) la gestion de la charge durant l’absence et font l’objet par ailleurs des remarques sur leur aspect ou leur comportement.

Le harcèlement peut aussi revêtir des formes plus subtiles. Ainsi, certaines femmes estiment que leur employeur les perçoit de façon plus négative depuis leur grossesse. Certains chefs et collègues se montrent sciemment distants avec elles. D’autres se sentent délibérément isolées en guise de « punition » pour leur grossesse. Les travailleuses ont également l’impression d’être considérées comme moins dévouées et moins fiables, voire comme des profiteuses, au terme de leur congé de maternité. La femme enceinte serait effectivement liées dans la relation de travail avec les collègues et les supérieurs hiérarchiques. La  maternité sur le lieu de travail fait l’objet de considération différente. Celle-ci entraine des effets sur l’organisation et sur la carrière de la femme.

Le texte complet de l’article est disponible à: femme et maternité au sein de l’organisation- Par Gustave Georges MBOE

 

Auteur:
Gustave Georges MBOE
Psychologue, (ATER) à l’Université de Yaoundé I
Formateur au CRADAT
Contact : GSM : 94 80 67 78 – 77 65 38 67- 22 12 74 03
E-mail : mboegeorges@yahoo.fr; bereshbureau@ymail.com

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2 thoughts on “La Femme, la maternité et la carrière professionnelle: Une conciliation systématiquement difficile?

  • Thierry TCHABO dit :

    C’est absolument un important axe de réflexion, je dirais même de méditation, sur la vie de la femme dans notre société « professionnelle » à laquelle nous soumet M. Mboe à travers article. Merci pour cette initiative et la justesse de l’analyse. Aussi je m’interroge si l’encadrement des enfants jusqu’à leur adolescence (qui suit la maternité !) ne subit pas aussi une conciliation difficile avec la vie professionnelle de la femme.

  • Ian Méli dit :

    Encore MERCI M. MBOE, j’aime votre précision alliée à la richesse de l’analyse. je crois que c’est un sujet assez sensible et délicat autant pour les femmes, que l’entreprise. Personnellement, je pense que ça doit faire l’objet de choix et décisions réfléchies de la part des concernées, pour le bien-être de l’entreprise, quant aux futurs et actuels décideurs, ils doivent inclure et surtout tenir compte du rôle de « mère » jouée par la femme dans la société, au delà de celui d’actrice majeure dans la performance de l’organisation…